La source du fleuve Hérault nait sur le versant sud des Cévennes, sous le Mont Aigoual, à 1288 mètres d’altitude.
C’est un fleuve capricieux, soumis aux irrégularités du climat méditerranéen. Il est sujet à de brusques augmentations de débit après les pluies d’automne et de printemps.
Le jeune torrent impétueux dévale alors plus de 1000 mètres de dénivelé dans ses 10 premiers kilomètres.
A Valleraugue, le fleuve se calme un peu en entrant dans une profonde vallée. Au fur et à mesure de sa progression vers les monts calcaires des garrigues, le relief devient moins accidenté et le climat Méditerranéen s’installe.
Au fil des millénaires, le fleuve et ses crues ont érodé la roche, creusant ainsi des gorges. C’est à Saint Guilhem le Désert qu’elles sont les plus étroites et spectaculaires.
Le fleuve qui traverse notre département est bien plus qu’un simple cours d’eau : à lui seul, il retrace le passé, représente le présent et préfigure l’avenir de toute une région.
Au grés de ses méandres, il se fait site historique, curiosité naturelle, base nautique ou encore barrage hydraulique.
Oui, l’Hérault a mille visages. Il est une des plus importantes réserves d’eau potable du département. Les berges de l’Hérault constituent une halte inévitable pour les amoureux de la nature, de la pêche, du canoë-kayak.
Passer le fleuve
Le fleuve, source de vie, a cependant représenté un obstacle pour les habitants situés de part et d’autre de ses rives. Pour le franchir, ils ont utilisé des bacs, des gués et enfin des ponts.
A travers les siècles, l’homme a su utiliser l’eau du fleuve pour l’irrigation, l’industrie textile, la minoterie puis pour produire de l’électricité, extraire des granulats...
Les bacs :
Ils permettent aux hommes de franchir le fleuve moyennant un péage. Au Moyen Age, ce droit de péage appartient au seigneur ou aux communautés qui, outre l’obligation de sûreté des voyageurs, assurent le gage des bateliers et l’entretien de l’embarcation. L’exploitation du bac est souvent laissée en fermage au batelier.
Les ponts :
Aux XIXème siècle, l’essor important de la viticulture, de l’industrie et du commerce, ainsi que le développement du chemin de fer nécessitent l’établissement de passages sûrs et permanents en de nombreux points du fleuve.
En effet, la montée subite des eaux de l’Hérault, consécutive aux fortes pluies rendent impraticables, voire dangereuse la traversée en bac. Il n’existe à cette époque que quelques ponts de pierre franchissant le fleuve.
La construction de nouveaux ponts suspendus bénéficie des apports technologiques de l’industrie. Construits à l’initiative de l’état, leur exploitation revenait aux constructeurs qui percevaient un droit de passage.
Durant la crise viticole due aux constructeurs due au phylloxera (1850), ces droits deviennent une trop lourde charge pour les usagers. L’Etat décide le rachat des concessions liées à ces ponts.
Tous ces ouvrages ont conservé leur utilité mais les besoins se sont accrus avec le transit automobile. De nouveaux ponts autoroutiers et ferroviaires franchissent le fleuve.
Les usages anciens du fleuve :
A travers les siècles, l’homme a su utiliser le fleuve pour l’irrigation, l’industrie textile, la minoterie... puis pour produire de l’électricité, extraire des granulats... Le fleuve et son environnement permettent également des activités de loisirs.
Les moulins :
Dès le Moyen-âge,sur le cours du fleuve, une trentaine de moulins furent construits utilisant la force motrice de l’eau , dont 12 moulins fortifiés datant du XII au XV siècles.
Leur jalonnement sur le cours inférieur du fleuve est lié à l’extension des terroirs cultivés en plaine et à l’occupation des bords du fleuve vers le début du XIIIème siècle.
Dans le paysage architectural et économique, les moulins, à blé, à huile, étaient les moteurs essentiels de la vie villageoise. Symbole de la puissance des seigneurs, les moulins attiraient la population paysanne qui venait y moudre son grain contre redevance.
Ces moulins sont appelés moulins bladiers ou fariniers. Leur importance est variable.
Le moulin de Clamouse (XIe siècle) : Bâtis à chaux et à sable, les moulins ont longtemps résisté aux assauts ravageurs des multiples crues du fleuve.
Le moulin à eau de Bélarga (XIIIe siècle) : c’était l’exemple type du petit moulin à retenue, autrefois équipé d’une roue à aube.
Le moulin de l’Evêque :à Agde possède sept paires de meules installées dans trois tours.
Les filatures :
Dès la fin du XIIIème siècle, on note en Cévennes la présence de trahandiers, c’est à dire de tireurs de soie. Ces entreprises restent familiales. Il faut attendre le XVIIIème siècle pour qu’apparaissent quelques groupes industriels.
Les sites choisis pour leur implantation sont souvent d’anciens moulins. L’eau nécessaire au processus de transformation de la soie, de même que la force motrice de la roue hydraulique ont été des facteurs déterminants pour la pérennité de ces filatures.
Les norias :
Les norias, appelées aussi "Meuses", sont de grandes roues hydrauliques munies de godets en bois. Elles permettent d’élever l’eau jusqu’à un canal pour irriguer les terres ou les potagers.
A Cazilhac, ces meuses de grand diamètre constituent une curiosité.
L’or :
De l’or dans l’Hérault "il y en a toujours eu !" Auroris au I siècle avant Jésus-Christ, Aréror au Moyen Age, puis Hérault depuis 1790.
Au XVème siècle, les riverains du fleuve en récoltaient et alimentaient les ateliers monétaires de Montpellier.
L’or vient des filons du massif granitique cévenol érodé par le fleuve. Plus lourd que les autres minéraux, il se dépose dans les placers, gisements que l’on trouve dans les eaux calmes du fleuve ou dans les fissures des dalles rocheuses de son lit.
De l’or, vous pouvez encore en trouver, mais ne pensez pas devenir riche ! Selon le lieu de prospection, il vous faudra entre 60 et 5000 paillettes pour obtenir un gramme d’or.
A chaque usage son impact :
Les granulats :
Les besoins en granulats sont, en France de 7 tonnes par habitant et par an. En 1994, 900 000 tonnes de graviers ont été extraites du fleuve pour construire routes et bâtiments.
Les berges et le lit menacés :
L’extraction de granulats dans le lit vif du fleuve, interdite depuis septembre 1993, provoque un déséquilibre morpho dynamique :
* l’abaissement du niveau du lit du fleuve entraine la déstabilisation des berges, l’abaissement des nappes phréatiques et l’affouillement des ouvrages d’art.
* le bouleversement dans la répartition des graviers du lit du fleuve provoque une homogénéisation et une réduction des habitats. Il en résulte une baisse des populations d’invertébrés aquatiques qui sont l’une des principales ressources alimentaires des poissons.
L’électricité
Le fleuve a généré en 1993 46 millions de kilowatt/heure, soit la consommation en énergie électrique d’une ville de 18.000 habitants. Les principaux ouvrages sont la centrale de Madière (EDF), le barrage de Bertrand (coopérative d’électricité de St Martin de Londres) et le barrage de la Meuse (régie municipale d’électricité de Gignac).
Les barrages perturbent l’écosystème aquatique en modifiant les débits liquides et solides, avec pour conséquence :
* un réchauffement des eaux impliquant la raréfaction des espèces de poissons d’eau courante comme la truite.
* la modification des populations piscicoles due à l’appauvrissement de la diversité des milieux aquatiques.
Les loisirs :
Tout au long de son cours, le fleuve est un pôle d’attraction où sont pratiquées de nombreuses activités de loisirs telles que pêche, baignade, canoë, qui requièrent un environnement de qualité, hélas certains sites ont tendance à se transformer en décharges sauvages.
Il est de la responsabilité de chacun de ne pas nous offrir de tels paysages en reprenant ses poubelles et en amenant ses encombrants dans une déchetterie prévue à cet effet.
L’eau prélevée dans le fleuve :
L’irrigation :
L’Hérault permet l’irrigation de 7.600 hectares dans la plaine, soit 21 millions de m3 par an prélevés dans le fleuve.
Le canal de Gignac, construit entre 1889 et 1897 est un bel exemple des aménagements réalisés pour maintenir l’agriculture dans cette région méditerranéen.
Le canal de Gignac :
Cet ouvrage permet l’irrigation de 2.800 hectares dans la vallée de l’Hérault et a permis la mise en culture de 1200 hectares de garrigues.
La prise d’eau se trouve en amont de St Guilhem le Désert au barrage (le volume d’eau dévié pour le canal est de 3,5 m3/s.
Le canal longe ensuite les gorges pendant 10 kilomètres sur la rive gauche du fleuve jusqu’au Pont du Diable, là un partiteur des eaux le sépare en deux branches :
* sur la rive droite, une branche irrigue la plaine jusqu’au village de Ceyras.
* sur la rive gauche, une branche irrigue la plaine jusqu’à Tressan.
Au total, c’est un réseau de 225 kilomètres de canaux.
Une eau précieuse et vulnérable :
On prélève 18 millions de m3 d’eau par an pour l’alimentation en eau potable. On prélève 21 millions de m3 par an pour l’irrigation, soit 107000 m3 par jour. La demande, qu’elle soit destinée à l’irrigation ou à l’adduction en eau potable, est multipliée par 2,5 en période estivale.
Cette période se manifeste, dans notre région, par l’afflux de touristes qui grossissent à la fois la demande en eau potable et la production d’eau polluée domestique.
Autre paradoxe, le fleuve se trouve, l’été, à son niveau d’étiage (basses eaux), son débit ne représente plus que 3 m3/s au barrage de la Meuse à Gignac.
L’aggravation des conditions d’étiage de ce fleuve méditerranéen (consécutive à la multiplication des prélèvements d’eau potable et l’agriculture) fragilise l’écosystème du fleuve Hérault en période estivale.
La qualité de l’eau :
La vie du fleuve :
Le milieu naturel est normalement apte à digérer les pollutions organiques. Le taux d’autoépuration naturelle est fonction des caractéristiques du cours d’eau : débit, pente, largeur, température... et du rapport entre le débit d’eaux usées reçues et le début du cours d’eau.
Ces pollutions nuisent malgré tout à la qualité piscicole du cours d’eau et influent sur la répartition des espèces de poissons.
On note une prédominance progressive des cyprinidés (barbeaux, carpes, carassins, tanches, brèmes, chevaines...) dans les zones théoriquement à prédominance salmonicoles (truite).
De part les industries implantées sur le fleuve la pollution de l’eau est essentiellement organique. Son origine est soit liée au lavage des caves coopératives (donc saisonnière) soit aux rejets des eaux domestiques et agricoles.
Il est nécessaire de renforcer l’effort déjà commencé d’investissement pour des stations d’épurations performantes et assurer leur bon fonctionnement.
Mais nous savons aussi que la qualité de leur eau rejetée dépend de ce que nous déversons dans nos égouts.
La richesse piscicole :
Le Sandre y est certainement le carnassier le plus recherché depuis les années 70 où son introduction connu un succès énorme, mais on y trouve aussi de très beaux brochets (prises régulières de poissons allant jusqu’à 10 kg et plus), une grande population de perches et depuis quelques années deux nouveaux carnassiers ont fait leur apparition suite à des alevinages plus ou moins contrôlés.
C’est ainsi que le black-bass, carnassier voisin du sandre et de la perche et venant des Etats-Unis, propose une alternative très intéressante aux pêcheurs de carnassiers suite à la diminution des prises de sandres et brochets.
En effet, le black-bass, très présent, entre CANET et AGDE est un poisson au comportement fantastique qui propose un combat intense et spectaculaire qui rend véritablement accro le pêcheur.
Ensuite, on trouve aussi des silures en quantité depuis Gignac jusqu’à Agde, les prises se multipliant avec le réchauffement printanier.
Tous les pêcheurs de sandres ou d’anguilles finissent par en attraper au moins un, les prises multiples étant légion.
Des tailles et poids record sont été récemment atteints avec notamment un poisson de 2m16 pour 70 kg pris à Montagnac, un autre de plus de 2m20 à Bessan, les prises entre 20 et 40 kg se comptant désormais en dizaines.
Les carpistes ne sont pas en reste car ces poissons y sont très nombreux et encore assez peu pêchés. De plus, elles offrent des combats mémorables et les casses sont monnaie courante.
Il y en a donc pour tous les goûts que ce soit pour le pêcheur "du dimanche" ou le grand amateur de sensations fortes.
Même sa partie maritime, c’est-à-dire de la chaussée d’Agde jusqu’à l’estuaire, offre des possibilités énormes aux pêcheurs, puisque des loups, dorades, mulets et lisettes (petits maqueraux) y remontent à la belle saison.
Sur toute sa longueur, le fleuve Hérault regorge d’endroits magnifiques pour le pêcheur ou le promeneur avec la présence d’anciens moulins en ruines et de pensières ou chaussées.
Ainsi dans sa partie haute, les gorges de l’Hérault jusqu’au fameux "Pont du Diable" sont devenues très prisées pour la pêche ou la baignade, alors que les plus bas se succèdent des pansières depuis Canet en passant par Aspiran, Bélarga, Paulhan (Moulin des Laures), Usclas d’Hérault (Moulin de la Roquevingarde), Cazoulx d’Hérault (barrage hydro-électrique), Pézenas (La Sablière, Le Tempo) ou encore Conas (Moulin de Conas), Saint Thibéry (Moulin d’Haguenau, Pont Romain), Florensac (Moulin de Carda), Bessan (Moulin de Bessan) pour finir à Agde (limite maritime, Château Laurens).
Tous ces lieux demeurent des cadres magnifiques pour pêcher, alors une prise de conscience des pêcheurs et promeneurs serait primordiale pour qu’ils le restent encore longtemps.